Sonatine (flute et guitare)
24 p. + parties séparées, Niveau 4
Mouvement Bulgare
Comme un Chant
Rondo Serbe
L'oeuvre d'Atanas
Ourkouzounov est solidement ancrée dans une tradition de musique balkanique dont
la virtuosité et la richesse permettent une véritable re-création à notre
époque. En témoigne cette Sonatine pour flûte et guitare dédiée au grand
Theodosii Spassov dont la flûte «Kaval» s'est déjà jouée avec magnificence du
mélange époustouflant des styles traditionnels, jazz et contemporains. Tout en
gardant et affinant le savoir-faire rythmique de ses inspirations - l'alternance
croche-croche pointée permet tout autant une ligne dynamique jamais brisée,
qu'un jeu temporel subtil avec les accélérations et les suspensions - Atanas
Ourkouzounov développe son matériel mélodique, naviguant avec liberté entre les
thématiques modales et l'enrichissement chromatique linéaire ou vertical (ainsi
dans le premier mouvement de cette Sonatine). L'utilisation des instruments
procure un grand plaisir, autant dans le caractère percussif et léger du jeu de
la guitare que dans une recherche de timbre donnant à la fois l'espace de
déploiement et l'espace de rencontre à chaque instrument. Cela est sensible dans
le deuxième mouvement (lent) de la même pièce que termine un Rondo serbe.
Utilisés avec densité et finesse à la fois, la voix et les divers slaps, pizz et
effets percussifs de main droite et de main gauche à la guitare, font de ce
fait, partie intégrante du langage.
Les chambristes essayeront également
d'urgence les Reflet I et II, où toute considération thématique disparaît au
profit de climats particuliers liés à l'utilisation exclusive et diversifiée des
techniques de percussion dans le deuxième, et dans le premier à un complexe
travail sur le décalage, entre les deux parties, des mesures asymétriques. On
aura compris que les notes ne sont pas exclues dès lors que les doigts sont
mobilisés dans leur action sur le manche (tapings). Les deux guitares sonnent
ici dans des textures mutuelles, contrastées ou brouillées, et le résultat en
est surprenant.
Ces deux pièces où se retrouve la même finesse d'écriture
peuvent de fait être enchaînées comme deux mouvements.
(Gabriel Lénard, Les
Cahiers de la Guitare, 2 eme trimestre 2001)